Sans parabène… mais pas sans risque
Exit les parabènes ! La victoire contre les parabènes fut une formidable avancée. Mais au rayon allergènes, leurs remplaçants jouent dans la catégorie supérieure. Irritants, les isothiazolinones sont aussi persistants et ce malgré une interdiction partielle. Voici des conseils pour les identifier et les éviter.
« Sans parabène » : la mention s’affiche sur bon nombre de produits cosmétiques et d’hygiène. Rassurante, cette mention induit souvent des actes d’achat automatiques : plus besoin de décortiquer la composition de son dentifrice ou de son shampoing puisque les voilà débarrassés de substances classées perturbateur endocrinien !
Sauf que pour remplacer le parabène, ce puissant agent conservateur, les industriels ont ressorti du placard des allergènes vedettes – et reconnus comme tels depuis fort longtemps : les isothiazolinones. Ceux-là même que le parabène, moins allergisant, avait remplacés, avant qu’il soit à son tour devenu suspect…
1. Qu’est-ce que c’est ?
Comme les parabènes, les isothiazolinones sont des conservateurs aux propriétés antibactériennes et antifongiques puissantes. On les utilise pour lutter contre le développement des bactéries, des champignons et des algues.
La famille des isothiazolinones antimicrobiens comprend cinq dérivés. Les principaux sont les trois suivants :
- la méthylisothiazolinone, ou MIT
- la méthylchloroisothiazolinone, ou MCIT
- la benzisothiazolinone.
Des systèmes de refroidissement à l’industrie du bois, de l’agro-alimentaire aux produits ménagers en passant par la cosmétique, ces conservateurs sont présents à peu près partout.
Quand les industriels ont dû remplacer les parabènes, soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens, ils ont réutilisé ces composés bon marché très employés il y a une vingtaine d’années, notamment en cosmétique, mais abandonnés depuis car allergisants et irritants.
2. Pourquoi est-ce un problème ?
Les isothiazolinones ont des effets indésirables :
- une toxicité élevée en milieu aquatique
- un effet allergène par contact direct ou par l’air.
Rougeurs, gonflements, parfois suintements et démangeaisons surviennent un à deux jours après le contact avec la substance. Des cas d’eczéma sévère généralisé, conduisant à l’hospitalisation, ont été constatés.
La méthylisothiazolinone ou MIT est aussi susceptible de provoquer une gêne respiratoire ou des irritations lorsqu’elle est inhalée, comme avec les produits d’entretien détergents (liquide vaisselle, lessive, produits pour sols) et les peintures à l’eau qui en contiennent.
Utilisée en cosmétique depuis 1976, la MIT est « élue » allergène de l’année en 2013 aux États-Unis. La même année, la SFD, société française des dermatologues, tire la sonnette d’alarme, tant les cas d’irritation cutanée et d’eczéma de contact se multiplient, signe de l’exposition de plus en plus fréquente au composé chimique.
Trois ans plus tard, en 2016, la Commission européenne finit par interdire le mélange MCIT-MIT dans les produits sans rinçage. Un an plus tard, en 2017, c’est au tour de la MIT d’étre proscrite dans ces mêmes produits.
3. Un irritant puissant… et persistant, à fuir absolument
Malgré l’interdiction, les isothiazolinones apparaissent encore dans de nombreux produits, avec ou sans rinçage : produits ménagers, gels douches, dentifrices. C’est particulièrement problématique avec les cosmétiques, puisque le produit et donc le composé chimique, restent sur la peau.
Sachant que la présence de MIT doit théoriquement être indiquée sur l’emballage, prenez la loupe et décortiquez la composition !
Qu’ils soient à rincer ou pas, fuyez les produits qui en contiennent, même si les allégations « testé dermatologiquement », « pour peau sensible » ou « hypoallergénique » figurent sur l’emballage.
Rappelez-vous que les conservateurs déséquilibrent la flore bactérienne de la peau : plus vous appliquez de produits, plus vous affaiblissez cette flore. Une raison supplémentaire de revenir à l’essentiel et à la simplicité : savon bio saponifié à froid, hydrolats et huiles végétales !
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